- Lise May sera transplantée en France Hexagonale en 1969. Elle ne sera pas placée dans la même famille d’accueil que son frère Philippe arrivé en 1966, malgré la demande appuyée de la mère de famille. Elle sera placée avec une compatriote dans une famille d'agriculteurs où elles subissent des attouchements. L'assistante Sociale accepte finalement de réunir la fratrie. Bien plus tard, elle découvre grâce à un grand frère resté à la Réunion qu'elle a un père bien vivant, alors que dans son dossier il est écrit que son père est décédé. Elle vit aujourd'hui dans la Creuse.
-Lise-May will be transferred in Mainland France in 1969. She won’t be hosted by the same foster family as her brother Philippe, who arrived in 1966, despite the repeated request of the foster-mother. Instead, she will be placed in a farmer’s family with a fellow native, where both girls will be sexually assaulted. The social worker will finally consent to the sibling’s reunion. She will find out, years later, thanks to an older brother who stayed in the Reunion island, that her father is well and alive, despite the mention of his death in her record. She now lives in the Creuse region.
- Virginie est née en juillet 1973. (Elle a trois extraits de naissance) Elle est arrivée le 12 juin 1975. Elle sera adoptée contre l’avis de sa mère qui ne savait ni lire ni écrire. Ils sont tous deux arrivés par avion de l'Île de la Réunion en France Hexagonal. Jean-Baptiste ne souhaite témoigner qu’en silence en portant avec Virginie cette image. Virginie s’entretiendra longuement avec moi sur son parcours depuis sa naissance, suites aux démarches qu’elle entreprend en 2000, elle retrouve sa mère biologique en Janvier 2002 alors qu’elle croyait être née sous X. (Enregistrement de 40’’). Elle retrouve son père biologique en 2009. Elle avait 36 ans.Tous les deux portent la photographie originale réalisée par la tante de deux jeunes filles embarquant au départ de l'aéroport de Gillot à la Réunion en 1965 pour la métropole. Avion : Super constellation. La personne qui m'a vendu l'image 10/15 sur eBay (reproduite par mes soins en grand format) me confirme par téléphone avoir été placée avec sa sœur à Albi à l'orphelinat de Saint Gilles les Hauts. C'est sa manière de témoigner aussi de façon silencieuse.
- Virginie was born in July 1973 (she has 3 birth certificates), and arrived in Mainland France on June 12th, 1975. She will be adopted against her mother’s will, who couldn’t read or write. Both arrived by plane from the Reunion island. The only way Jean-Baptiste wishes to testify is by holding this picture with Virginie. She will lengthily talk to me about her path since she was born. After the steps she took to find the facts out in 2000, she found her biological mother, in January 2002, even though she thought having been born through anonymous delivery (40’’ recording). She finds her biological father in 2009, at 36 years old. Jean-Baptiste and herself are holding the original picture taken by the girls’ aunt as they boarded in the Gillot airport, Reunion island, in 1975 to get to Mainland France. Plane: Super constellation. The person who sold me the picture on eBay (reproduced in large size by myself) confirmed on the phone she has been placed with her sister in the Saint-Gilles les Hauts orphanage. It’s her way to silently testify.
Virginie, dit avoir beaucoup souffert en France de sa couleur de peau noire. Elle fera l'objet d'une adoption plénière encore très petite fille qui s'avère mal se passer, au point de partir à la recherche de ses origines. Elle retrouve ses parents sur L'île et découvre ses origines chinoise et malbars (inde du sud). Aujourd'hui en rupture avec sa famille adoptive, elle a retrouvé son père en 2009 avec qui elle est très proche. Il n'en reste pas moins qu'ici avec la famille adoptive du fait de ses démarches pour retrouver ses origines et là-bas avec la famille du père se cristallisent quelques conflits d'intérêts sévères.
-Virginie says she has suffered a great deal from her skin tone in France. Her adoption at a very young age will not play well, to the extent of her beginning to search for her roots. She finds her parents in the Reunion island and finds out she’s of Chinese and Malbar descent (Southern India). Estranged from her adopted family, she found her father in 2009 and built a very close relationship with him. Still, between Mainland France and her adopted family, and the Reunion island where her birth family still is, numerous and severe conflicts of interests stand.
Jackie est née en juin 1959 sur l’île de la Réunion. Son père d’origine européenne de type caucasien est décédé à sa naissance. Sa mère est d’origine indienne « malbars » s’est retrouvée seule avec ses 7 enfants, un étant décédé à la naissance. Jackie est la dernière d’une fratrie de 8 enfants. Jackie est arrivée en France en 1965 et s’est retrouvée avec ses sœurs dans une pension de redressement de jeunes filles « Le bon pasteur » à Pau avec des méthodes éducatives rigides. Elle n’avait que 6 ans quand elle a été séparée de son frère. Par la suite, elle sera accueillie dans une famille d’accueil très respectable, où elle s’y fera violemment maltraiter par la mère de famille traumatisée suite à son emprisonnement dans un camp en Allemagne pendant la guerre, ou elle aurait été Kapo. Une amie réunionnaise placée dans cette même famille réussira à faire un signalement écrit auprès d’une A.S. Une enquête fut diligentée. Jackie sera ramenée au foyer du jour au lendemain avec son trousseau d’arrivée. Tous les cadeaux qu’elle a reçu de cette famille lui seront supprimés. Pendant presque une année, elle ne parlera plus. Elle aura la chance de rencontrer une femme institutrice qui la prendra sous son aile. Elle fera des études supérieures. Elle rencontre la FEDD en 2017. Elle décide de témoigner avec son frère Inel parce qu’elle veut que les gens sachent. Son grand-père était un homme blanc, il portait le nom de « Gauche ». Inel son frère me précise les choses. Dixit : « On voulait associer notre histoire à l’esclavage ; j’ai dit non. Je ne me sens pas concerné par l’esclavage. C’est le racisme qui a fait que je m’appelle Annette. Pourquoi ? Ça remonte à mes grands-parents. Mon grand-père s’appelait Gauche. Si vous parlez de Gauche notamment à St André c’est une grande famille de planteur à la Réunion. Une grande famille bourgeoise. Qui avait les moyens. Ils avaient des enfants dont mon grand-père. Mon grand-père a aimé une femme de couleur dont le nom est Annette. Mais la famille a refusé le mariage. Mes parents se sont aimés. Ils ont eu 4 enfants dont mon père. Et, on s’est appelé Annette."
-Jackie was born in June 1959 in the Reunion island. Her Caucasian and European father died when she was born. Her birth mother, of Indian Malbar descent, found herself alone with 7 seven children to care for - one of them being stillborn. Jackie is the last of 8 children. She arrived in Mainland France in 1965 and was placed in a youth center with her sisters, “Le bon Pasteur” (“The good minister”) in the city of Pau, of strict education methods. She was only 6 years old when she was separated from her brother. She will then be fostered in a very respectable family of which mother, traumatized by her deportation in Nazi Germany during WWII, might have been a Kapo. A friend, also fostered by the family, will end up reporting the situation to a social worker. She will be removed from the family after investigation and brought back to the youth center with her trousseau, all the presents she had received from the family being taken away from her. During almost a year, she won’t say a word. She will be lucky enough to meet a female teacher who will take her under her wings, and will access a higher education. She joins the FEDD in 2017. She decides to speak up, together with her brother Inel, to make sure those stories are heard. Her grandfather was a white man, going by the name of “Gauche”. Inel provides details: « some wanted to connect our history to slavery; I opposed. I feel no connection to slavery. My name is Anette because of racism. Why? It goes back to my grandparents. My grandfather was named Gauche. If you mention Gauche, in particular in St André, it’s a significant planter family of the island. A high-rank family of means. They had children, among which my grandfather, who fell in love with a woman of colour named Annette. But the family refused their union. They loved each other, and had four children, among which my father. And we got named Annette. "
Jean-Luc est arrivé en 1968. Il se souvient d’être arrivé avec un avion à hélice et d’avoir fait une escale à Madagascar. Arrivé à Orly, il a été envoyé directement au foyer des buissonnets à Lespignan dans l’Hérault. Il se souvient qu’il y avait des enfants réunionnais de 6 ans à 17 ans. Lui avait 8 ans. Jean-Luc n’a jamais été adopté, il était juste placé temporairement dans des familles pendant les vacances, puis plus rien. Il se souvient d’abus. Dixit : “Là il s’est passé pas mal de choses ; on parle souvent du martyre des enfants en parlant de la ... comment on appelle ça... de la pédophilie ; bon ben, j’ai vu pas mal de choses qui se passaient... des enfants qui se faisaient, en n par les fermiers ; on a été maltraité ; pas moi, mais il s’est passé pas mal de choses... de maltraitance avec les enfants... on voyait ; ils nous prenaient ; enfin ils prenaient des enfants et puis ils se passaient pas mal de choses... Des caresses... on était jeunes, complètement inconscients... on en parlait entre nous.“
-Jean-Luc arrived in 1968. He recalls flying in a propeller aircraft, and making a stopover in Madagascar. Landing at the Orly airport, he was immediately sent to the Buissonnets foster home, in the region of Hérault. He remembers there where children from the Reunion island, aged 6 to 17. He was 8 years old. Jean-Luc was never adopted, only was he temporarily placed in foster families during school vacations. Then nothing. He recalls abuses: “Many things happened, there. Often, the martyr of children is mentioned … what do they call it … pedophilia ; well, I’ve seen quite a few things … children being f … by farmers ; we’ve been abused ; not me, but quite a few things happened … abuse on children … we saw it ; they took us ; I mean they took children and then quite a few things happened … we were young, completely innocent … we discussed it, between us kids“.
Simon A & Jacques D devant le foyer de Guéret dans la Creuse. Jacques est arrivé à l’âge de14 ans, tandis que Simon, c'est sa grand-mère qui a souhaité son départ avec ses frères. Ils portent l'image du timbre à l'effigie de Michel Debré, père de la constitution, et à l'origine du Bumidom ainsi que du déplacement des mineurs réunionnais vers la France Hexagonale dans le but de repeupler les départements frappés d'exodes rurales.
-Simon A. & Jacques D. standing in front of the foster home in Guéret, Creuse region. Jacques arrived at 14 years old, whereas Simon’s grandmother asked for his leaving, as well as his brother’s. They’re holding a stamp bearing the effigy of Michel Debré, father of the Constitution and founder of the Bumidom, as well the instigator of children’s displacement from the Reunion island to Mainland France, in order to repopulate the French regions affected by rural exodus.
Lise May sera transplantée en France Hexagonale en 1969. Elle ne sera pas placée dans la même famille d’accueil que son frère Philippe arrivé en 1966, malgré la demande appuyée de la mère de famille. Elle sera placée avec une compatriote dans une famille d'agriculteurs où elles subissent des attouchements. L'assistante Sociale accepte finalement de réunir la fratrie. Photo suivante, bien plus tard, elle découvre grâce à un grand frère resté à la Réunion qu'elle a un père bien vivant, alors que dans son dossier il est écrit que son père est décédé. Elle vit aujourd'hui dans la Creuse.
-Lise-May will be transferred in Mainland France in 1969. She won’t be hosted by the same foster family as her brother Philippe, who arrived in 1966, despite the repeated request of the foster-mother. Instead, she will be placed in a farmer’s family with a fellow native, where both girls will be sexually assaulted. The social worker will finally consent to the sibling’s reunion. She will find out, years later, thanks to an older brother who stayed in the Reunion island, that her father is well and alive, despite the mention of his death in her record. She now lives in the Creuse region.
Lise May me montre une photographie qui date de 1994 qui la montre avec son père. Père qu’elle a retrouvé grâce à un grand-frère resté à la Réunion. Puis me présente une fiche de son dossier où il est indiqué que son père est bien décédé.
-Lise-May shows me a picture, dated 1994, of her with her father. She found him thanks to a sibling who stayed on the island. She then shows me her record, stating that her father is deceased.
Jean-Luc, est arrivé en 1968. Il se souvient de la voiture de la DDASS qui sillonnait l'île pour venir chercher les enfants dans les familles. Des bruits couraient que cette voiture « enlevait les enfants ». Lui tout petit se souvient de sa peur, il se cachait dans les buissons quand la voiture passait dans le village. Il s'agissait pour lui d'une 2 CV de 1951 jaune. Selon la commission d'enquête de 2018 ce fait n'est pas avéré pourtant parmi les témoins que j'ai entendus et photographié ce souvenir reste récurrent. On peut se demander pourquoi la population vivait la présence de cette voiture comme une menace pour leurs petits.
-Jean-Luc arrived in 1968. He recalls the DASS (social services) car that used to ride on the island to take children from their families. There were rumors about that car “abducting children”. He recalls being scared as a boy, hiding in the bushes when the car was around. He remembers it as a 1951 yellow Citroën 2CV. The 2018 commission of inquiry never confirmed that fact, yet, most of the witnesses I have interviewed and photographed mentioned it. The question of why locals would see that car as a threat to their little ones is standing.
Virginie, rencontrée à Elbeuf, où elle s'est installée avec Jean Baptiste lui-même transplanté de la Réunion, a suivi une thérapie. Elle écrit des poèmes, elle a également consigné dans cet ouvrage qu'elle porte entre les mains tous ses souvenirs d'enfance. Ainsi que des traces de ses trois actes de naissances et autres pièces.
-I met Virginie in Elbeuf, where she lives with Jean Baptiste, another Reunion native exfiltrate. She underwent therapy. She writes poetry and has put together her childhood memories in that book, as well as proof of her three different birth certificates and other documents.
Jacques D. montre par ce geste une marque de l'absence de doudou quand il était petit. Ce geste le réconforte. Jacques dit : " .../...j'avais 14 ans, On nous avait promis...mais rien du tout. ..../... Je n'ai pas été scolarisé en France, on m'a envoyé direct dans les fermes, Je me suis dit merde il y a quelque chose qui ne va pas... Je n'ai rien appris dans les fermes... Je pensais faire moitié apprentissage, moitié école...mais rien. Je n'ai eu aucun diplôme. Il n'y avait aucun suivi, je n'ai vu personne, personne en un an n'est venue me voir, pas une assistante sociale, personne, j'ai été oublié".../....
-Jacques D. is expressing the absence of a cuddly toy with this gesture. It comforts him. He recalls: " .../... I was 14 years old, we had been promised … nothing came .... /... I haven’t been sent to school in France, I’ve been sent to farms right away. I thought hell, something is off … I learned nothing in those farms … I thought I would be an apprentice, going part-time to school … but nothing happened. I never graduated. There was no follow-up, I saw nobody, nobody came for a year, no social worker, no one, I’ve been forgotten. ".../....
Valérie est la porte-parole de la FEDD, Ici, la preuve de la falsification de son état civile. Aujourd'hui elle cherche à retrouver son identité. Cette carte d'identité d’elle enfant se trouvait dans le dossier qui lui a été remis par une assistante sociale de l'île de la Réunion lorsqu'elle repart à l'âge de 40 ans pour faire des recherches sur ses origines. Elle contacte le ministère de la justice qui lui répond que selon la loi française, on peut changer de nom et de prénom, mais qu'il est interdit de changer de lieu de naissance. Il y a donc bien dans son cas une falsification de l'État-civil. Elle vit de nouveau en France.
-Valérie, spokeswoman for the FEDD, has proof that her personal records have been forged. This child’s ID was in the records that was provided to her by a Reunion island social worker, when she went back there aged 40 to find out about her past. She contacted the Ministry of Justice where it was confirmed to her that French laws allow a name change, but prohibit modifying the place of birth: that’s proof of personal records forgery. She now lives in France.
Jean-Luc I fut un enfant Réunionnais transplanté selon la nouvelle appellation de la commission 2018. Il arrive en 1968. Il a un parcours douloureux à la Réunion, il se souvient d'avoir terriblement souffert de la solitude ici en France. Il sera suite à son arrivée à Orly orienté vers le foyer des buissonnets à Lespignan dans l'Hérault. Il avait 8 ans. Il n'a jamais été adopté, il était juste placé temporairement dans des familles pendant les vacances, puis plus rien. Il se souvient d'abus. " Là, il s'est passé pas mal de choses.../... J'ai vu de la maltraitance avec les enfants... Comment on appelle ça de la pédophilie ? Enfin pas moi...mais ils prenaient des enfants et puis il se passait pas mal de choses...des caresses...on était jeunes, complètement inconscients... On en parlait entre nous." Aujourd'hui il est marié à Marjorie qui est de l'Île Maurice et à une petite fille. Ils vivent au près Saint Gervais.
-Jean-Luc was a transplanted child, as the 2018 commission of inquiry renamed the process. He arrived in 1968. He recalls a painful life in the island and an immense loneliness in France. After landing at the Orly airport, aged 8, he will be sent to the Buisonnet foster home of Lespignan (Hérault region). Jean-Luc was never adopted, only was he temporarily placed in foster families during school vacations. Then nothing. He recalls abuses: “Many things happened, there. Often, the martyr of children is mentioned … what do they call it … pedophilia ; well, I’ve seen quite a few things … children being f … by farmers ; we’ve been abused ; not me, but quite a few things happened … abuse on children … we saw it ; they took us ; I mean they took children and then quite a few things happened … we were young, completely innocent … we discussed it, between us kids“. He is now married to Marjorie, an island native. They have a daughter and live near Saint-Gervais.
Inel est le frère de Jackie dont il a été séparé suite à son arrivée en France. Il se joint à sa sœur pour témoigner. Il a aussi souffert de cet exil forcé et de ses séparations multiples même s'il dit avoir eu de la chance. Il a fait des études supérieures. Il pose un regard très lucide sur cette transplantation des enfants de la Réunion. Ils sont deux à témoigner sur une fratrie de cinq enfants tous séparés à leur arrivée en France. Son père est décédé, il avait 3 ans. Il me dit entre autres : « On voulait associer notre histoire à l’esclavage ; j’ai dit non, je ne me sens pas concerné par l’esclavage. C’est le racisme qui a fait que je m’appelle Annette. Ça remonte à mes grands-parents. Mon grand-père s’appelait Gauche. Si vous parlez de Gauche notamment à St André c’est une grande famille de planteur à la Réunion. Qui avait les moyens. Ils avaient des enfants dont mon grand-père. Mon grand-père a aimé une femme de couleur dont le nom est Annette. Mais la famille a refusé le mariage. Il se sont aimés. Ils ont eu 4 enfants dont mon père. Et on s’est appelé Annette. Il n’a pas le souvenir d’avoir vu des enfants asiatiques durant ces transferts. Selon lui, la communauté asiatique était très soudée et ne laissait pas partir les enfants.
-Inel is Jackie’s brother. They have been separated upon arrival in Mainland France. He joined his sister to speak up. He as well, suffered from the forced exile and multiple separations, even though he considers having been lucky: he received a higher education. He has a clear view on the native Reunion island children’s transplant. Two of the five transplanted and separated siblings are speaking up. His father passed away when he was only 3 years old. He says: “some wanted to connect our history with slavery; I opposed. I feel no connection to slavery. My name is Anette because of racism. Why? It goes back to my grandparents. My grandfather was named Gauche. If you mention Gauche, in particular in St André, it’s a significant planter family of the island. A high-rank family of means. They had children, among which my grandfather, who fell in love with a woman of colour named Annette. But the family refused their union. They loved each other, and had four children, among which my father. And we got named Annette”. He has no recollection of Asian children during those transfers. According to him, the Asian community was very solid and didn’t their children go.
Pièces de dossiers, dont une partie a brulé. Elle indique le souhait d'André M. d'aller en Métropole, alors qu'il se souvient ne pas avoir été franchement prévenu à l'avance de son transfert.
- Records document, partially burnt. It states that André M. requested to be transferred to Mainland France, whereas he has no recollection of having received previous notice.
André M. Rencontré chez lui le 10 février 2018 dans le Calvados la veille de son départ pour la Réunion le 22 février 2018. Il est arrivé en France en 1963 à l'âge de 13 ans après avoir été dans le foyer d'Hell-Bourg à la Réunion. Suite à son arrivée à Orly, d'abord orienté vers le Cantal pour l'été, il sera envoyé dans une ferme de l'Oise. Commence pour lui un véritable calvaire, Il parle d'un monastère avec un curé. Il évoque avec beaucoup d'émotions (pleurs) les abus sexuels que subissent certains de ses camarades sans qu'il ne puisse leur venir en aide. Il évoque aussi l'interdiction absolue de parler Créole sous peine de punition. " C'était clos. Aujourd'hui, quand je revois en arrière on aurait dit qu'on était dans un genre de secte. On ne nous apprenait rien sur le plan scolaire. ..../... La famille d'accueil où j'étais c'était terrible. On se demandait s'ils faisaient ça pour gagner de l'argent. On était à quatre là-dedans dans une chambre, on mangeait à part sur une table. C'était affolant l'hygiène, c'était tout juste une fois par semaine. À la réunion au moins, on prenait un simple tuyau d'eau dehors. On se lavait, sur notre île"
-I met André M. at his home on February 10th., 2018 in the Calvados region, the day before he left for the Reunion island to attend the February 22nd., 2018 meeting. He landed at the Orly airport in 1963, aged 13, after having stayed in the island’s Hell-Bourg foster home. After landing and being sent to the Cantal region for the summer, he will be placed in a farm, in the region of Oise, where an ordeal will begin for him. He mentions a monastery and a priest, and emotionally (with tears) recalls sexual abuses of his friends without being able to help them. He also talks about the ban on speaking Creole or be subject to sanctions. "It was closed. Looking at it now, it looks like a cult. We weren’t educated. ..../... The foster family where I was sent, it was awful. You could wonder if they were in for the money. We were four in there, sharing a bedroom, we ate separately on a table. Hygiene was scary, just once a week. At least on the island, we used a hose outside. We used to be clean, on the island."
Suite à l'entretien avec Philippe le frère de Lise May, il évoque tout à la fin de notre entretien des copains réunionnais comme lui qui se sont suicidés. Il se remémore trois amis dont Jean Marc Moutien dont je retrouve la tombe à Bellegarde, Marius Trajean et un troisième dont le nom lui échappe.
- After interviewing Philippe, Lise-May’s brother, he mentions island friends who committed suicide. He recalls three of them among which Jean Marc Moutien, whose grave I find in Bellegarde, Marius Trajean and another one, whose name he doesn’t get hold of.
Je propose de plonger avec cet extrait du documentaire Ex’île au début des années 1960. De 1963 à 1984 plus de 2000 mineurs réunionnais sont transferés vers la France hexagonale. Plus de trente ans après la fin des transplantation de ces jeunes. Je vais à la rencontre de leurs mémoires au parcours de vie souvent chaotiques. Mon souhait est de rassembler les un-es et les autres autour d’un projet où le témoignage de l’un entrera en résonnance avec celui de l’autre. Ainsi se formera une image qui fait sens, qui constituera un pont entre hier et aujourd’hui, entre ces histoires individuelles et le déroulé de l’Histoire. Portfolio papier 30/40 – 45 images. ( Légendes traduites en anglais par Alexa Faucher www.alexafaucher.com)